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La crise racontée par les faits divers 3/3 (13/09)

 

Frédéric Ploquin - Marianne

 

 

Quatre années de difficultés économiques ont fait flamber la misère, la précarité et la criminalité. Dernier épisode de notre revue de détail de ces petits et grands drames dont la crise est le principal scénariste.

(Choisy-le-Roy, Camps de Roumains, RICLAFE/SIPA)
(Choisy-le-Roy, Camps de Roumains, RICLAFE/SIPA)
 
  • Des Roumaines au rabais
  Un signe supplémentaire de la crise : des camps de fortune, installés le long des autoroutes ou des voies ferrées, se remplissent de miséreux fuyant la Roumanie. Plusieurs enquêtes menées en région parisienne par la police ou la gendarmerie ont démontré que des hommes installés dans ces camps se remplissaient les poches en mettant des centaines de jeunes femmes sur le trottoir. A raison d'une dizaine de passes par jour, facturées entre 40 et 50 e, les filles sont plutôt «productives». Elles n'ont pas leur passeport avec elles, n'ont souvent connu que cette activité et rendent compte de leur travail par téléphone à leurs souteneurs. Dans le cas d'une prostituée roumaine dont la famille est restée au pays, on peut parler de prise d'otage.
 

 

  • La guerre du rail et les... cimetières
  Les trains sont en retard, c'est la faute aux voleurs de cuivre et de plomb. En 2010, la SNCF a cumulé 5 800 heures de retard à cause de ces vols. Un fléau qui avait fait son apparition lors des premiers chocs pétroliers, avait rebondi avec la guerre du Golfe, avant de prendre une ampleur industrielle depuis 2006, avec l'envolée du prix du cuivre, selon une récente étude de l'Observatoire national de la délinquance. En 2010, 10 181 vols ont été commis en zone de gendarmerie et 1 473 en zone de police. Parmi les 1 538 personnes mises en cause, 45 % vivaient à proximité du lieu du vol, 27 % étaient des «itinérants» et 26 %, des étrangers. Tuyauteries, portails, fûts, batteries, câbles électriques, tout y passe, avec une faveur accordée au cuivre, suivi du plomb et de l'acier. Principale victime, la SNCF, qui, avec 3 350 vols recensés en 2010, a vu les attaques augmenter de 181 %. L'envol des cours en est évidemment la cause, mais ces razzias ne serviraient à rien si des ferrailleurs véreux ne rachetaient la marchandise en fermant les yeux. Crise oblige, l'heure est au recyclage tous azimuts. Les «voleurs d'opportunité» sont de plus en plus nombreux et rivalisent avec les organisations criminelles structurées. Au printemps 2011, le gouvernement a mis sur pied un plan d'urgence pour sécuriser les voies ferrées. Coût estimé : 40 millions d'euros. En attendant, en zone rurale, on voit des plombiers (déjà fragilisés par la crise) disparaître pour cause de cambriolages à répétition. Signe des temps, les déchetteries et même les cimetières ne sont pas épargnés par les voleurs.
 


 

  • Pirates en mer
  Parole de spécialiste, «quand l'ordre règne sur la planète, les pirates des mers montrent rarement le bout de leur nez». Durant un demi-siècle, alors que bloc soviétique et bloc occidental se regardaient dans le blanc des yeux, de la Seconde Guerre mondiale aux années 90, les pirates ont fait profil bas. Dès qu'ils ont perçu un signe de faiblesse, ils ont affrété leurs embarcations. La crise économique, mais aussi politique, avec l'effondrement d'un Etat comme la Somalie, dans l'est de l'Afrique, leur a donné le courage de sortir en mer. Du golfe de Guinée au Yémen, de la Somalie à Madagascar, ils rendent la navigation aussi périlleuse que les promenades à pied dans les pires favelas de Rio. Il en va de la piraterie comme du crime organisé. Le 11 avril 2008, il a fallu une intervention militaire française et une rançon de 2 millions de dollars (1,6 million d'euros) pour libérer les otages retenus à bord du Ponant, un voilier de croisière arraisonné dans le golfe d'Aden. Dans les heures qui ont suivi, six Somaliens ont été interpellés à bord d'un 4 x 4 en possession d'armes et de 200 000 e en liquide. Agés de 25 à 30 ans, ils ont été transférés en France où ils ont purgé quatre ans de détention provisoire avant de comparaître devant la cour d'assises de Paris. Cinq suspects ont nié leur participation à l'attaque du voilier. Verdict : deux acquittements, une peine de quatre ans de prison, deux peines de sept ans et une de dix ans pour le seul homme à avoir reconnu sa participation à l'opération. Les pirates ont attaqué 42 navires et pris en otages 815 marins durant la seule année 2008.
 

 

  • Policier (grec) à louer !
  Pour renflouer les caisses vides, le ministère de l'Intérieur grec a décidé de mettre ses flics, ses camions, ses chiens, ses grues, ses bateaux et même ses hélicoptères en location. Comptez 30 e l'heure pour un fonctionnaire, 200 e l'heure pour une vedette. Les tarifs figurent dans le Journal officiel de la République hellénique du 2 avril dernier. Rabais possible à partir du quatrième jour. Dire qu'avant la crise les familles grecques rêvaient de voir au moins un de leurs enfants devenir fonctionnaire !

Article publié dans le magazine Marianne n°802 et daté du 1er au 7 septembre 2012.

 

 

 

 

 



13/09/2012
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